Boulonnais : ces très chères résidences du bord de mer

PUBLIÉ LE 25/08/2016 La Semaine dans le Boulonnais

Pendant l’été, les acheteurs de biens immobiliers craquent pour le littoral boulonnais, les prix s’en ressentent.

Ce sont des joyaux du littoral boulonnais : Hardelot, Wimereux et Wissant restent des communes où l’achat immobilier respecte des règles particulières et où les prix ne cessent de grimper.

Hardelot : une station toujours très prisée

« Ici, on travaille à l’inverse des autres confrères, répond Julien Coutheillas, agent immobilier à Hardelot, quand on lui demande si la saison estivale est propice aux belles ventes. La station fait le plein de vacanciers et de résidents pendant les deux mois de vacances. L’énorme avantage du moment, c’est d’avoir les futurs clients sous la main afin de leur faire visiter les biens immobiliers à vendre. »

Des maisons et des villas proposées à la vente, Hardelot en possède quelques-unes. Les chiffres sont là pour le prouver car selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), sur plus de 5 000 habitations que comporte la commune de Neufchâtel-Hardelot, près de 61 % correspondent à des résidences secondaires.« Le marché du moment est typé vacances, surenchérit Julien Coutheillas. D’ailleurs il existe un fossé entre le marché saisonnier et celui de la résidence principale à l’avantage du premier. »

En cet été 2016, justement comment se comporte le marché immobilier à Hardelot ? « Il est beaucoup plus favorable par rapport à quelques années en arrière, n’hésite pas à répondre l’agent immobilier. Après la fameuse crise financière, on a pris une claque pendant six mois. À l’époque, le marché a perdu 10 % de sa valeur. Depuis, il tend vers la normale. On observe depuis quelque temps, une augmentation des transactions. » La crise a également eu un autre effet. « Dorénavant, l’acquéreur prend son temps pour se décider, insiste le professionnel. Auparavant, il était capable d’acheter sur un coup de cœur. » Des prix en baisse et des prêts bancaires très avantageux, « c’est vraiment le moment d’acheter », lance Julien Coutheillas. « On voit passer des maisons à des prix très intéressants avec un avantage en ce moment : l’argent n’est pas cher. »

Concernant le profil des acheteurs, Hardelot possède plus d’un atout dans son sac pour les séduire. « On va chercher avant tout un produit familial aussi bien accessible aux grands-parents qu’aux petits-enfants, met en avant l’agent immobilier. La station a l’énorme avantage d’être située entre Paris et Londres. C’est un lieu de convergence surtout pendant les vacances scolaires. » L’immobilier à Hardelot a toujours le vent en poupe.

Wimereux : balnéaire toute l’année

Autrefois très résidentielle et accueillant trois-quarts de logements secondaires à ses débuts, Wimereux s’est peu à peu transformée en ville-dortoir à partir des années 1970, avec l’arrivée de nouveaux logements dans les quartiers nord. Mais les résidences secondaires font toujours partie du paysage de la station balnéaire. Elles représentent même un tiers de l’immobilier. Un chiffre qui s’explique par l’afflux d’estivants : « Wimereux, c’est 7 000 habitants à l’année et 21 000 l’été », affirme Florence Brement, directrice de l’agence Wimereusienne.

« Mais contrairement à Wissant ou Hardelot, il y a une vie commerciale toute l’année ! »,tient à clarifier le maire, Francis Ruelle. « La ville garde un esprit vacances tout au long de l’année. » Florence Brement dresse le même constat : « Les gens achètent pour les vacances d’été, puis viennent à toutes les vacances, puis pour les fêtes, puis les week-end… » Et la plupart finissent par s’installer en résidence principale. Constaté à Wissant, le phénomène est aussi très présent à Wimereux. « Les acheteurs pour du secondaire investissent pour l’avenir », indique le maire de la commune.

Avec ses commerces, sa proximité avec la plage et ses villas 1900 (voir l’encadré ci-contre), le centre-ville est le secteur géographique le plus florissant pour le marché du secondaire.

D’autres préféreront le côté sauvage des Dunes du golf. Les vacanciers installent volontiers leur quartier d’été dans ces résidences modernes, entre Wimereux et Ambleteuse. Surtout les Belges. « Ils viennent pour le décor naturel, explique Julien Derouet, de l’agence Opale gestion. Notre littoral est bien préservé, contrairement au leur. » Ce coin éloigné du centre a l’avantage de prix plus accessibles : environ 200 000 euros pour un appartement standard. Pour le même type en centre-ville, il faut sortir 50 000 euros de plus.

Ces prix correspondent aux plus petits budgets. Difficile pour les plus jeunes d’acheter à Wimereux. « Il y a très peu de primo-accédants ici », atteste-t-on à Opale Gestion. La clientèle principale des agences immobilières de la rue Carnot vient de Lille, Paris et de Belgique. Depuis 2014, les acheteurs ont repris confiance. Et même si on ne peut plus construire à Wimereux, pour des raisons de protection du littoral, « il y a encore beaucoup à vendre. » Reste à négocier le prix.

Wissant : « On paie le site »

Plus que la crise immobilière, ce sont les attentats en Belgique qui ont surtout plombé le marché à Wissant. « En 2016, on a perdu à peu près 20 % de nos ventes, concède Peggy Sourdeval, de l’agence Lefebvre Immobilier installée dans la commune. À Pâques, les clients belges étaient beaucoup moins nombreux. Ça a été mieux dès le mois de juillet ». Pour cette professionnelle, cette clientèle étrangère représente 80 % des transactions qu’elle effectue. « Ce sont des gens qui aiment beaucoup le coin et qui ont de l’argent, poursuit-elle. Wissant reste toujours très prisée, et les prix sont toujours très élevés. Les gens du coin n’ont plus les moyens d’acheter ».

De fait, il faut ouvrir grand son porte-monnaie pour s’offrir un bien à Wissant : « Cette partie de la côte est préservée, analyse Peggy Sourdeval.Clairement, on paie le site. Il y a peu d’offres et beaucoup de demandes ». Du coup, les prix flambent : pour un appartement, il faut compter 3 000 euros du m2. et on arrive vite à 400 000 euros pour une maison de 140m2 avec un petit terrain. Et pour un million d’euros, vous pouvez décrocher une belle villa ancienne typique avec vue sur la mer. Mais, pour ces prix, prévoyez de garder quelques économies pour les indispensables travaux à prévoir. « Tout est ancien ici, la maison traditionnelle de pêcheur, avec son sol en terre battue, s’envole à 200000 euros », sourit Peggy. Le confort moderne, c’est l’acheteur qui va le financer en plus.

Les vacances scolaires, l’été en particulier, sont le moment privilégié pour tomber amoureux de Wissant et de son trait de côte : « Les gens viennent d’abord en location, et puis ils pensent ensuite à l’achat d’une résidence secondaire. Je concrétise pas mal de ventes dans l’arrière-saison, parfois jusqu’à Noël ».

Peggy Sourdeval observe l’émergence d’un nouveau phénomène : « On voit des couples, souvent des cadres supérieurs, qui vivaient dans la métropole lilloise et qui avaient investi dans une résidence secondaire à Wissant. Plusieurs d’entre eux en ont fait leur résidence principale, ils ont vendu leurs biens à Lille. Ils font le trajet tous les jours en profitant de l’A16 et du TGV et profitent de la plage en famille, de qualité de vie du village et de l’ambiance beaucoup plus sereine ». Il n’y a pas que Wissant qui bénéficie de l’intérêt des acheteurs potentiels. Aujourd’hui, certains regards se portent par exemple sur Audresselles. Le Boulonnais n’a pas fini de séduire.

J-F.D. ; G.B. ; L.R.