« Oui, une érosion a eu lieu sur la partie ouest, surtout les deux, trois premières années, mais c’était attendu et cela avait été modélisé. Quand on regarde par rapport au volume initial qui a été mis (1,2 million de m3), on est au bout de six ans sur un gros 15 % du volume qui a été érodé. C’est extrêmement peu, quand on lit la littérature scientifique dans le monde sur le sujet. »

Tout le sable parti a-t-il été « perdu » ?

« Non. Ce sable mis sur la digue des Alliés constitue une sorte de source pour alimenter les plages en aval, à Malo par exemple. Quand on fait des relevés topographiques, au large, on remarque que le sable ne migre pas vers le large, mais latéralement d’ouest en est. Autre idée reçue : on a pu entendre que pendant la tempête Odette (25-26 septembre), l’ensablement observé sur Zuydcoote et Bray-Dunes était lié au rechargement, c’est faux : quand on regarde les suivis, le sable issu du rechargement est au niveau du Kursaal ! »

Des enrochements auraient-ils été préférables ?

« On aurait fixé le trait de côte, on aurait protégé, mais pour un coût très élevé (transport, entretien…) et on aurait fait une croix sur une plage sèche. Si on n’a pas un niveau de plage assez important, quand la mer vient atteindre les enrochements, tout le sable qui est au pied des enrochements s’en va. C’est le cas à Wissant, à Wimereux. Ce ne sont pas des enrochements, mais une digue, l’effet est le même. À Dunkerque, on a un gros tas de sable, mais on a une superbe plage ! »

Adrien Cartier est
              docteur en géomorphologie littorale.
Adrien Cartier est docteur en géomorphologie littorale.