Comme une bouteille à la mer, Flobarts des 2 Caps a envoyé un courrier aux maires côtiers dans l’idée de se faire héberger.
L’association est historiquement implantée à Wissant, sur le terrain privé de son président, Michel Coënen.
« Ce n’est pas normal qu’un privé assume quasiment tout », proteste Michel Coënen. L’homme a fait beaucoup pour l’association qu’il préside. C’est sur son terrain, situé à trois cents mètres de la mer, que le Conservatoire des flobarts est installé depuis les années 90. En contrepartie, il ne réclame aucun loyer.
Mais voilà, Michel Coënen a aujourd’hui 74 ans. Il souhaite se mettre en retrait. Ses enfants ne sont pas en situation de reprendre le flambeau. Pour que le patrimoine des flobarts puisse perdurer, le président aimerait voir une collectivité s’en emparer. Dans l’idéal, la mairie de Wissant. Mais Michel Coënen, qui est également le propriétaire de l’Hôtel de la Plage (lire ci-dessous), entretient des relations houleuses avec la municipalité depuis près de vingt ans.
« Il y a un peu de tactique pour forcer la main à la ville de Wissant »
Alors, les Flobarts ne manquent pas de faire savoir qu’ils sont disposés à mettre les voiles hors de Wissant. Un courrier a été envoyé aux élus des communes côtières avoisinantes, de Wissant au Portel. Dans la démarche, « il y a un peu de tactique pour forcer la main à la ville de Wissant », souffle un connaisseur du dossier. Une tactique qui semble avoir avorté, la municipalité wissantaise ne remuant pas vraiment ciel et mer pour sauvegarder ce patrimoine maritime. « On n’a pas de terrain qui pourrait leur convenir » répond le maire Bernard Bracq, qui refuse de se prononcer sur l’éventualité d’acheter le terrain de M. Coënen : « Ça demande une réflexion collégiale. »
« Ce qu’il nous faut, c’est un mouton à cinq pattes », soupire le trésorier des flobarts, Pierre Piret. À savoir « un terrain suffisamment grand pour pouvoir y mettre nos quatorze bateaux. Si possible pas très loin de la mer pour nos bateaux navigants. Et aussi peu coûteux, voire gratuit. »
Pour l’heure, le courrier n’a pas provoqué de retour à la hauteur des espérances. La piste porteloise reste la plus chaude. Au Portel, on apprécie les flobarts, confirme le maire Olivier Barbarin : « Il y a une histoire qui nous lie. On est allés visiter plusieurs lieux ensemble, mais on ne voudrait pas précipiter le départ de l’association de Wissant. S’ils peuvent trouver un arrangement… ».
Devant l’étang formé par le ruisseau d’Herlen, une institution dissimule le Conservatoire des flobarts situé en contrebas, c’est l’Hôtel de la Plage. L’établissement construit en 1888 est la propriété de Michel Coënen depuis 1983. Dans sa volonté de prendre du recul, le septuagénaire envisage de vendre son hôtel, « après avoir fait des travaux de mise aux normes ».
Il jure que le destin des flobarts n’est pas lié à celui de l’hôtel, les deux terrains n’étant pas voués à être cédés en un lot. Toujours est-il que la dalle en béton qui abrite le Conservatoire pourrait aiguiser l’appétit d’un repreneur désireux de construire un parking derrière l’hôtel. Et ainsi provoquer l’expulsion de l’association. Michel Coënen assure qu’il n’en sera rien.
C’est une grande dame de 6,50 mètres de long, qui ne va plus très bien. La Marquise est un flobart taille XXL construit en bois dans les années 60, un bateau comme on n’en fait plus. « Quand on parle de flobarts, on pense à de petits bateaux, fait remarquer Pierre Piret. On ne pense pas qu’il y en avait aussi des gros. » Des comme celui-ci, « il n’en reste que deux à Berck », confirme François Guennoc, spécialiste.
Et le troisième, La Marquise, va disparaître, car il se trouve dans un état de détérioration avancé. Bien que restauré à deux reprises, le plus grand des flobarts wissantais n’a pas résisté aux affres du temps, principalement du soleil, ennemi numéro un de ces embarcations en bois qu’il assèche. « La Marquise est restée deux ans à l’abri dans un hangar et dix-huit ans dehors », regrette François Guennoc.
Victime de sa charpente imposante, La Marquise n’a pas pu bénéficier – contrairement aux autres flobarts du Conservatoire – de conditions de conservation optimale. Sa place est au cimetière désormais.