La Voix du Nord PUBLIÉ LE 08/08/2015

EMMANUELLE DUPEUX

Mercredi, le maire a annoncé à l’association de la Dune d’Aval qu’un ré-ensablement aurait lieu pour conforter la dune qui protège les habitations du sud de Wissant. Les habitants du quartier auraient largement préféré un enrochement mais se félicitent qu’on leur présente enfin un projet. Ça urge !

 

1 - Un constat amer

Amertume et colère ont clairement transparu mercredi soir lors de l’assemblée générale annuelle de la Dune d’Aval.

L’association dénonce le temps considérable perdu depuis 10 ans. Ses multiples propositions « réalistes et peu coûteuses » pour protéger la Dune d’Aval, grignotée par la mer qui monte, n’ont jamais été écoutées par les administrations. « Il y a eu beaucoup de paroles et de promesses, mais rien n’a bougé », déplore Jean Renard, président.

Pourtant, la situation devient alarmante. La dune continue à reculer, l’eau se rapproche des maisons. « On perd maintenant un mètre de dune par mois », a expliqué l’un des membres, qui fait des relevés précis.

Entre avril 2013 et aujourd’hui, 23 mètres auraient disparu. Le point critique de 30 mètres jusqu’aux maisons retenu par l’administration (la DDTM) pour déclarer qu’il y a mise en danger des biens, ne serait plus distante que de 14 mètres. Soit, à ce rythme, environ un an… Bref, il y a urgence.

2 - L’annonce du maire

Le maire a annoncé mercredi qu’un projet sérieux était enfin sur les rails. Une étude de faisabilité sur l’aménagement et la stabilisation de la Dune d’Aval va démarrer.

Différents scénarios ont été étudiés mais c’est la solution du ré-ensablement qui a été retenue à l’unanimité. « J’étais plutôt partisan des enrochements », se défend le maire. Mais cette option, coûteuse (plus de 1,9M €), aurait nécessité une nouvelle étude, repoussant encore les travaux à 2018.

Le ré-ensablement devrait pouvoir démarrer à l’automne 2016 pour s’achever début 2017. Un projet complémentaire de ré-ensablement massif de la baie sur 2,5 km de long pourrait aussi être éligible aux fonds européens Feder. Une solution qui séduit l’administration.

3 - Quid d’un enrochement ?

L’association n’a jamais été favorable à un ré-ensablement. Pour elle, cette solution est peu pérenne, et coûteuse, car elle nécessitera des ré-ensablements réguliers. L’enrochement, qui tient bien plus longtemps (25 à 50 ans), a toujours eu sa préférence. Elle n’a eu de cesse de le défendre et d’aller voir des stations balnéaires ayant choisi cette option. Châtelaillon (près de la Rochelle) par exemple.

Furieuse de ne jamais avoir été consultée (la DDTM et la DREAL sont contre un enrochement), la Dune d’Aval veut désormais être associée aux réunions. Le maire a rassuré l’assemblée en expliquant qu’il installerait bien sûr des enrochements si l’urgence l’y contraignait.

PRÉSENTATION DES DEUX PROJETS

Deux projets de réensablement sont proposés par l’administration.

– Le premier, subventionné à 70 % et piloté par la commune, présente l’intérêt de pouvoir être réalisé assez rapidement, fin 2016.

Il consisterait en un engraissement en sable de la dune d’Aval (qui fait 10 m de haut) sur 200 mètres de long et plus de 30 de large, complété par des plantations, des ganivelles et la mise en place de nouveaux pieux sur la plage. Ce ré-ensablement, évalué entre 700 000 et 1,4M€ (plus l’entretien régulier), nécessiterait autour de 50 000m3 de sable.

Il impliquerait la création d’une berne (plage qui reste sèche) d’environ 20 à 30 mètres de large et 8 mètres de haut, qui s’abaisse ensuite en pente douce. En d’autres termes, une partie de plage actuelle serait rehaussée de 8 mètres, ce qui (bizarrement ?) la mettrait quasiment à la hauteur du haut des escaliers actuels.

– Beaucoup plus important, le second projet, qui pourrait se concrétiser en 2018, serait un ré-ensablement massif, complémentaire du premier, sur 2,5 km de long dans la baie de Wissant. Coût estimé : 18M € (plus l’entretien) pour 500 000m3 de sable. Le maître d’œuvre serait probablement l’État.