La Voix du Nord       Publié le 14/05/2016

Wissant : la dune d’Aval sera engraissée avec le sable de Calais Port 2015 !

L’hiver agité a sérieusement attaqué la dune. La mer n’est plus qu’à 40 mètres de la première maison... Il était temps d’agir.

 

Un ré ensablement sur 200 mètres de long et 21 de large va être réalisé pour protéger la Dune d’Aval et rassurer les riverains, inquiets depuis des années de l’érosion qui grignote le littoral. Les travaux auront lieu début juillet. Une opération bien plus massive est prévue par la suite.

« On a trouvé une solution pour un problème qui date de plus de 35 ans !, s’enthousiasme Bernard Bracq, maire de Wissant. C’est une avancée considérable vu l’inquiétude des riverains de la Dune d’Aval ».

Pour contrer l’érosion qui mange la dune – près de 300 mètres perdus en 35 ans ! – et l’eau qui s’approche des maisons du quartier, un ré ensablement sur 200 mètres de long et d’une largeur minimum de 21 mètres sera réalisé début juillet. Une solution « douce » sur laquelle planchent depuis trois ans une multitude de partenaires : services de l’État, Région, PMCO, ville… et le bureau d’études privé Egis.

Concrètement, l’entreprise chargée de réaliser les travaux sera présente dès la mi-juin pour préparer le chantier. Notamment mettre en place les longues canalisations qui permettront depropulser le sable vers la rive depuis un bateau amarré à environ 1 km de la côte.

Le sable sera en effet amené par la mer, depuis Calais, où il sera dragué dans le cadre du projet Calais Port 2015. « Des bateaux se relaieront 24 h sur 24 pour l’amener »

Au total, 50 000 m3 seront utilisés. Le réensablement de la plage en lui-même durera une semaine début juillet. Il faudra ensuite compter environ deux semaines pour clore le chantier.L’accès au site sera bien entendu interdit pendant toute cette période. Début septembre, l’opération sera complétée par la pose de pieux complémentaires et des aménagements paysagers. Budget total de l’opération : 1,3 M€ financés à 70 % par l’Europe (Feder) et à 30 % par la commune.

Une première

Ce réensablement de la baie, qualifié de « défense douce » face à d’autres solutions telles que l’enrochement, sera une première dans le Pas-de-Calais-Somme. Cette défense est déjà utilisée à Dunkerque.

 

Cet été, la plage sera réensablée sur une longueur de 200 mètres devant la dune d’Aval (au sud de la plage) derrière laquelle est adossé un quartier résidentiel dont les habitants tirent la sonnette d’alarme depuis longtemps.

Les détails de l’opération

« On va réensabler la plage avec une berne (plage sèche non atteinte par une marée normale) de 21 mètres », détaille un technicien de la DDTM. Celle-ci sera connectée par unremblaiement de sable à la dune existante, laquelle sera protégée par des ganivelles (clôtures en bois) et des plantations d’oyats. Grâce à leur système racinaire profond, ces derniers fixent le sable.

Sur la plage, les pieux déjà existants « seront multipliés pour améliorer la casse des vagues, le plus loin possible de la dune ». La partie estran (*) sera elle aussi reconstituée pour « permettre de rétablir un équilibre du sable » qui, sinon, partirait rapidement.

Un réensablement massif de la baie, sur 2,4 km est prévu dans quelques années.

Deuxième étape : un réensablement massif

Le réensablement qui sera réalisé cet été devant la dune d’Aval est prévu pour avoir une durée de vie de cinq ans… Une deuxième étape est en effet prévue plus tard : un réensablement massif de la baie de Wissant sur 2,4 km de long. Il sera mis en œuvre par le PMCO (pôle métropolitain Côte d’Opale, ex-syndicat mixte de la Côte d’Opale, regroupant 29 intercommunalités du littoral). Cette opération sera d’une tout autre ampleur puisqu’elle mobilisera quelque 500 000 m3 de sable et devrait coûter entre 20 et 25 M€ selon les scénarios, avec une première tranche de travaux de 6-7 M€.

Où trouver le sable nécessaire à cet énorme chantier ? Des services spécialisés travaillent pour établir une cartographie fine des dunes sous-marines dans un rayon de 200-300 km autour de nos côtes. Des gisements qui pourraient ensuite être exploités.

* L’estran est la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées.

Emmanuelle Dupeux