L'accident récent à Tianjin n'est pas encore expliqué et les autorités chinoises sont assez avares de renseignements. Cependant nous pouvons considérer que l'accident, ou plutôt l'ampleur des dégâts, est lié à la concentration de marchandises dans un espace restreint ce entrainant des réactions en chaine à grande échelle.
Les quelques photos propagées par internet montrent un espace ravagé sur plusieurs kilomètres, des milliers de voitures neuves stockées détruites. Les rapports - officiels - font état de plus de cent morts, de pollution chimique au cyanure de sodium, hautement toxique, pour ne citer que ces cas les plus tragiques.
On peut donc craindre des dégâts du type "Seveso" avec des effets à long terme.
Le fait que ces effets catastrophiques soient liés à la concentration irresponsable de marchandises dangereuses, nous amène à poser la question de la sécurité dans le détroit du Pas-de-Calais, et plus particulièrement en face du site protégé de Wissant.
Chaque jour de nombreux navires porte-conteneurs croisent devant nos côtes, en plus grand nombre que celui que nous apercevons de la côte car nous ne pouvons apercevoir que le trafic remontant vers les ports du Nord ; les navires en sens inverse, tout aussi nombreux, empruntent la passe au Nord, en longeant les côtes anglaises. On peut donc affirmer que le nombre de navires passant par le détroit est le double de ce qui est perceptible de l'une ou de l'autre rive.
La capacité des porte-conteneurs récents dépasse aisément les huit mille unités de conteneurs (TEU) groupant un assortiment varié de marchandises de toutes sortes.
La plupart de ces marchandises ne sont pas dangereuses en soi mais nombre d'entre elles sont susceptibles de le devenir au contact d'autres marchandises, par exemple en cas d'explosion ou d'incendie. Si l'ampleur du sinistre de Tianjin est la conséquence d'un entreposage trop rapproché, ce scenario catastrophe peut être retenu comme une possibilité à bord d'un navire porte-conteneur empruntant le détroit.
La survenance des risques maritimes est étudiée par les armateurs et transporteurs ainsi que par les assureurs concernés. Cependant les riverains du détroit pourraient intervenir pour élaborer des mesures susceptibles d'éviter, tout au moins de limiter les dommages à terre.
Les sinistres écologiques les plus marquants sont liés à l'afflux d'hydrocarbures sur les côtes suite à un accident de navigation. En France on se souviendra du Torrey Canyon (1967), de l'Amoco Cadiz (1978) et de l'Erika (1999) qui ont affecté les côtes bretonnes et des Cornouailles. Les victimes des dommages environnementaux ont été dédommagés tant que faire se peut mais les côtes on été marquées pour longtemps par ces marées noires.
Des mesures ont été prises pour la répétition de tels accidents. Les navires pétroliers sont impérativement construits avec une double coque pour contenir le pétrole en cas d'accident et les cales sont remplies de gaz CO² au dessus des cargaisons pour éviter les incendies. Les dommages à terre sont gérés par des équipes spécialisées organisées par des organismes internationaux, leur expérience et savoir faire s'étant révélée plus efficace.
Limiter les dommages est utile, les prévenir l'est encore plus mais il est plus difficile de motiver les milieux concernés tant que le péril ne frappe pas à leur porte.