Comment interpréter le Brexit ?
Pour en comprendre les raisons, ne faut-il pas s’efforcer de se mettre dans les souliers de nos voisins.
D’abord, d’évidence, la Grande-Bretagne est une île ! Or, les îliens, à l’instar des Corses, par exemple, éprouvent une réelle singularité vis-à-vis des autres habitants du continent.
Il y a ensuite un élément psychologique qui pèse énormément : ils baignent depuis leur tendre enfance dans une culture qui reste très marquée par la dernière guerre mondiale dans lequel les Britanniques ont pris une part significative de la résistance à l’hégémonie nazie, permettant l’éradication d’un régime qui avait marqué de son empreinte la quasi-totalité de l’Europe continentale. La capacité des peuples européens à s’entendre, aujourd’hui, résulte sans doute paradoxalement du drame moral qu’a été la Deuxième Guerre mondiale au sein de l’Europe continentale. D’ailleurs, curieusement, les trois pays qui ne s’y retrouvent pas pleinement sont la Russie, la Suisse et le Royaume-Uni…
N’oublions pas , non plus, la formule : Britannia rules the waves… cela fait référence à la puissance maritime qui a permis la création d’un véritable empire dont les braises brûlent encore sous-jacentes dans l’esprit de nombreux Britanniques avec, en héritage, l’influence du Commonwealth qui regroupe encore 53 pays… le Zimbabwe a d’ailleurs récemment demandé de rejoindre cette structure.
L’empreinte du Royaume-Uni au sein du Commonwealth ne consiste pas uniquement en une relation amicale, elle repose sur une empreinte politique, morale avec, en particulier, la présence de l’autorité de la royauté britannique dans un certain nombre de domaines et pas seulement les timbres poste.
C’est une véritable présence pour nos voisins, confortée par l’influence prédominante de la langue anglaise dans les activités économiques, politiques, sportives, mais également dans une suprématie culturelle incontestable ne serait-ce, par exemple, qu’au travers de la diffusion musicale anglaise qui inonde la planète.
La résultante est qu’à la différence de tous les autres habitants de l’Europe continentale, l’Anglais qui voyage retrouve autour de lui des éléments de confort et de reconnaissance linguistique dans la plupart des pays du monde.
Par ailleurs, il convient, à mon sens, de se remémorer la phrase de Napoléon : l’Angleterre, une nation de boutiquiers. C’est à Sainte-Hélène que l’empereur aurait lancé cette boutade, quelque peu perfide. Mais, elle révèle, néanmoins, une attitude générale qui reste encore d’actualité d’un peuple qui a tendance à privilégier une vision pratique, pour ne pas dire utilitaire. D’une manière, certes, un peu schématisée, on peut formuler que pour nos voisins britanniques l’Union européenne n’est perçue que comme une sorte de bilan de sommes et de soustractions entre ce que l’on peut en retirer et ce que ça coûte !
D’évidence, nous sommes donc à des années-lumière des visons de Monnet, Schuman et, maintenant, Macron qui voient dans l’Europe, un monde plus intégré, sur la base de l’idée partage.
L’écart est si large qu’il interroge…