La Voix du Nord du 4 août 2016
Une partie du sable qui a été déposée début juillet pour engraisser la dune d’Aval à Wissant s’est envolée en deux jours de temps. Des riverains situés derrière le cordon dunaire s’inquiètent et dénoncent un «gâchis d’argent». Ils réclament toujours un enrochement.
On se doutait que les riverains de la dune d’Aval allaient surveiller comme le lait sur le feu le réengraissement récent de sable du cordon dunaire. La solution retenue par les services de l’État et la municipalité pour lutter contre l’érosion de la dune et protéger les habitations, situées à l’arrière, a été de réensabler cette zone avec 50 000 m3 de sable. Le chantier, toujours en cours, a débuté le 6 juillet. En septembre, d’autres travaux de consolidation sont aussi programmés, notamment avec l’ajout de pieux, de ganivelles et de plantations.
« UN GÂCHIS D’ARGENT À LA MER »
Ces deux derniers jours, avec les importants coefficients, la mer a déjà englouti un impressionnant volume de sable. De quoi affoler, Jean Renard, riverain mais également ancien président de l’association de la Dune d’Aval. L’homme s’est battu pour défendre une protection par enrochement. En vain. « Je suis scandalisé. Tout ce gâchis d’argent qui part à la mer n’est pas admissible ! »
Pour rappel, ce chantier qui a attiré les curieux au début du mois de juillet (notre édition du 9 juillet) est estimé à 1,2M€ hors taxes, financé à 70 % par des fonds européens et à 30 % par Wissant, soit 365 928 € HT pour la commune.
RÉENSABLEMENT MASSIF
Christian, un autre riverain, se dit lui aussi interloqué par ce choix de réensablement. « Je ne comprends pas bien pourquoi ils refusent les enrochements. On voit bien que ça ne fonctionne pas. »
Selon les calculs à la louche de Jean Renard, le sable se serait envolé sur 17 m de large par 200 m de long, laissant un creux de 2 m de hauteur. Si l’on n’a pas mesuré, ses calculs semblent crédibles sur le terrain. « On en vient à se demander à qui profite le réensablement ? Je garde une note d’espoir : une solution efficace en enrochements peut toujours être mise en œuvre rapidement pour garder le bénéfice de ce réensablement. »
Ce n’est pas prévu par les services de l’État, qui privilégient une protection douce (lire aussi ci-dessous). Un réensablement massif de 500 000 m3 est aussi envisagé d’ici trois ans sur 2,5 km de long. Reste à savoir qui acceptera de prendre la maîtrise d’ouvrage et comment le financer…
SILENCE EMBARRASSE DU MAIRE
Contacté à plusieurs reprises, le maire, Bernard Bracq, n’a jamais donné suite à nos appels. La municipalité est pourtant maître d’ouvrage du chantier. Il est donneur d’ordre, entre autres. C’est donc au maire de se manifester ou pas sur les questions relatives au chantier. C’est aussi à Bernard Bracq de répondre aux inquiétudes des riverains. Il les informera peut-être prochainement, à défaut de vouloir répondre à la presse.
Régis Darré, adjoint aux finances, a néanmoins décroché son téléphone. S’il a commencé par nous dire « qu’il n’était au courant de rien», il a finalement lâché : « le réensablement, ça vaut ce que ça vaut. » Il a même concédé que ni lui, ni le maire, n’était convaincu par cette méthode. Pourquoi ne pas avoir alors soutenu un enrochement ? « C’est l’État qui nous dicte ce que nous devons faire. L’enrochement nous a été interdit par la DDTM (Direction départementale des territoires de la mer). »
À la DDTM, on nous renvoie vers la mairie. « C’est au maître d’ouvrage de vous répondre, mais il faut aussi laisser un peu le temps au projet de se stabiliser. Le chantier n’est pas achevé. Il va être consolidé. Nous n’avons pas de données, mais la mairie nous aurait alertés s’il y avait un péril imminent. »
MARIE-CAROLINE DEBAENE