Il ne restera bientôt plus rien des cinq blockhaus et d’une partie du mur de l’Atlantique, vestiges de la Seconde Guerre mondiale. Débuté depuis un mois, le chantier de démantèlement se poursuit. Il devrait être achevé fin avril.

Hier, fin de matinée, à marée haute, deux engins s’acharnent chacun sur un blockhauss sous le regard de Jean-Paul, 63 ans, Wissantais. « Je viens souvent voir l’avancée du chantier. J’ai même pris des photos. Quand j’étais gamin, les blockhaus étaient sur la dune. On venait jouer dessus. » Leur démolition ne semble pourtant pas le chagriner : « J’avoue que ça ne me fait pas grand-chose. Ce sera même plus beau ensuite. » D’autres personnes y voient pourtant, avec regret, la disparition d’un patrimoine historique. « On aurait peut-être pu les enrocher comme cela s’est fait en Belgique », note Daniel, croisé sur la digue.

« Dossier très ardu »

Voilà maintenant trois ans que le dossier épineux est dans les cartons. La décision de détruire ces blocs de béton avait été votée le 23 mars 2010 en conseil municipal. « On arrive quasiment au bout, soupire presque de soulagement le maire, Bernard Bracq. Cela a été un dossier très ardu et avec de fortes réticences. Sans compter le casse-tête concernant les autorisations à obtenir. Mais nous avons été bien aidés par les services de la DDTM de Boulogne . » Pour l’élu, cette initiative voulue par les services de l’État est une bonne chose : « Il y avait des morceaux de fer qui passaient de tous les côtés. Ces fers à béton étaient de véritables poignards. J’avais toujours peur qu’un enfant s’empale là-dessus. C’était un véritable danger. »

Protection de la dune

Bernard Bracq rappelle aussi le drame d’août 2007. Un Allemand se fracturait le rocher en sautant d’un blockhauss. Tétraplégique, il décédait en janvier 2011. Sa famille, qui a porté plainte contre la commune, a obtenu gain de cause en première instance. « Il y a six mois, le tribunal a considéré que Wissant avait une part de responsabilité. Nous avons été condamnés à dédommager la famille de 260 000 €. L’affaire est toujours en cours puisque nous avons décidé de faire appel. »

Le coût de ce chantier s’élève à 189 400 € hors taxes, financé à 80 % par l’État et 20 % par la commune, maître d’ouvrage. Mi mai, d’autres importants travaux débuteront : la pose de mille pieux pour protéger la dune d’Aval et tenter d’enrayer son érosion. Deux cent vingt-cinq mètres de pieux en bois seront posés parallèlement à la dune pour jouer les brise-lames et casser la force des vagues. D’autres seront installés en quinconce et perpendiculairement à la dune pour bloquer le sable qui transite vers la plage. Ce projet de protection a été obtenu par l’Association de la dune d’Aval (lire aussi ci-contre). Coût de cette opération : 219 991 € hors taxes, financés à 80 % par des fonds européens (FEDER). « Ces pieux vont être observés scientifiquement à la loupe, explique le maire. J’espère qu’après ça, on arrivera à réensabler. »