Impact pour la région Nord-Picardie des prévisions démographiques britanniques.
Les prévisionnistes anticipent un accroissement de la population britannique de 9,7 millions sur les 25 prochaines années, portant le total à 74,3 millions en 2039. Il est à noter que 50 % de l’augmentation de la population anticipée est liée à l’immigration.
Cette croissance démographique soulève de nombreuses questions, certains positifs et d'autres négatifs.
D'un point de vue économique, la croissance de la population est généralement considérée comme une bonne nouvelle. Elle permet d’augmenter la capacité de production globale et améliore le ratio fiscal macro-économique du pays.
Cependant, un accroissement de la population ne fera qu'exacerber la pression sur les infrastructures existantes et le réseau de transport. Le cout de la congestion routière y est déjà estimé à 30 milliards d’euros par an. Une population croissante est de nature à exacerber ce problème. Or, de l’autre côté du détroit, l’espace manque pour la construction de nouvelles infrastructures.
Par ailleurs, le Royaume-Uni a déjà du mal à répondre à la demande existante pour le logement. Une augmentation de population ne pourra qu’accentuer cet état de fait. Il faut également prendre acte, qu’à l’instar de la plupart des pays européens, une demande supplémentaire de logements est requise pour satisfaire aux nouveaux besoins de logement liés à la croissance des familles monoparentales. Si rien n’est mis en place pour répondre à la demande à venir, le rapport offre demande va s’accentuer, provoquant un renchérissement du prix des logements. Pour mémoire, le prix médian d’une maison dans le sud-est de l’Angleterre est de 396 000 €.
Dans les années 50, le Royaume-Uni construisait grosso modo 400 000 nouveaux logements par an. Mais aujourd’hui, en raison de la difficulté d’obtenir des permis de construire, il apparait très difficile de mettre sur le marché plus de 300 à 400 000 nouveaux logements.
Le sud-est de l’Angleterre est particulièrement impacté par la croissance démographique et l’absence d’espace. Les élus politiques seront donc confrontés à la nécessité de construire de nouvelles habitations et des infrastructures au sein de zones protégées (green belt) au risque de générer une levée de boucliers en provenance de leur propre électorat, très réticent à voir disparaître le privilège d’habiter dans une zone géographique privilégiée, appelée le jardin de l’Angleterre.
Reste qu’il existe une possibilité.
Celle-ci repose sur un vaste plan d’aménagement du territoire qui impliquera le sud-est d’Angleterre et la région Nord Picardie. Cela passe par la mise en place d’une épine dorsale ferroviaire profitant de l’existence de la ligne TGV existante.
Les deux parties concernées seront largement gagnantes d’une telle politique de coordination. En ce qui concerne la partie britannique cela permettra de soulager la pression du foncier et pour la partie française, de compenser une décroissance de la population, mais surtout permettra d’apporter une contribution financière essentielle pour un meilleur aménagement du territoire.
Le timing politique est, sans aucun doute, particulièrement idéal. La presse britannique ne fait que mettre en avant cette problématique foncière et du côté français, une nouvelle équipe est en place permettant de créer les conditions d’une véritable coopération transfrontalière.
30 décembre 2015
Thaddée Segard