Digue : c'est le préfet qui tranchera
Ne dîtes plus les Amis de Wissant, mais les Amis de la baie de Wissant. L'association entend élargir son périmètre d'action, tant au niveau politique que technique.
Le nom change, mais pas l'ambition de ses membres, vent debout contre le projet municipal de reconstruction du perré de la digue. Le dossier est désormais dans les mains du préfet.Les débats et controverses au sujet de la reconstruction de la digue de Wissant ne connaissent aucun répit. Au contraire, ils n'ont jamais été aussi vifs. Début mai, Bernard Bracq, réélu, présentait aux Wissantais son projet pour la digue. Un projet de reconstruction-renforcement du perré par enrochement sur près de 550 mètres. Des travaux qui pourraient débuter dès septembre confiait-il alors. Montant de l'opération : 7.5 millions d'euros hors taxe, qui seraient répartis entre les différentes collectivités territoriales.
Les Amis de la baie de Wissant ont toujours contesté cette solution. Ce qu'ils n'ont pas manqué de faire lors de l'enquête publique qui a eu lieu au mois de juin. « Près de 80 questions ont été posées, souligne le président Alain Toulemonde. Nous attendons désormais l'avis du préfet. » Et l'association de mettre en exergue le rapport du Conseil scientifique régional de patrimoine naturel (CSRPN), pour le moins réservé (il a émis un avis négatif) sur la solution qui est préconisée. On le sait, les Amis de la Baie de Wissant préconisent un réensablement massif du site. Selon eux, les solutions proposées sont inefficaces. « On ne s'intéresse pas à ce qui se passera au sud-ouest de la digue et de l'enrochement qui la prolonge.
Privilégier une solution globale
Une solution ne peut-être durable que si l'on considère l'évolution de la baie dans son ensemble, car tous les secteurs de la baie sont solidaires les uns des autres dans leur évolution morphologique : la baie forme une vaste cellule hydro-morpho-sédimentaire. Protéger le seul secteur de la digue le positionnera à terme en promontoire avancé entre deux secteurs en fort recul. Le risque est réel d'un contournement de l'ouvrage par la mer à moyen et peut-être même à court terme, selon l'occurrence des tempêtes conjuguées avec de fortes marées. » Ils dénoncent « un projet coûteux, inefficace probablement à moyen terme et certainement à long terme. » Comme le CSRPN, ils estiment qu'une réflexion de fond sur toutes les problématiques est encore nécessaire avant d'entreprendre tous travaux : le devenir de la dune d'Aval et des maisons menacées par une brèche imminente du cordon dunaire et par un contournement du perré par la mer, le devenir du marais de Tardinghen profondément modifié par une submersion marine, le devenir de la dune d'Amont actuellement en cours d'érosion rapide... La balle est désormais dans le camp du préfet. Si celui-ci venait à valider le projet présenté par la mairie, l'association indique d'ores et déjà qu'elle n'intenterait pas de recours devant le tribunal administratif, mais que certains de ses membres le feraient, vraisemblablement, à titre individuel.
S.D.