Les « Amis de Wissant », inquiets de la facture du prochain perré, suggèrent au maire une action en justice

samedi 14.04.2012, 05:02 - La Voix du Nord

 

| WISSANT |

Depuis la destruction de la « digue », les Wissantais sont aujourd'hui dans l'expectative. Si l'Etat a reconnu sa faute ...et indemnisé la commune, des voix s'élèvent aujourd'hui pour réclamer une action judiciaire contre les entreprises. Elles craignent en effet que la note de la reconstruction soit particulièrement salée et ne veulent pas payer, seules, les pots cassés.

Alain Toulemonde, président des Amis de Wissant, et Antoine Olivier sont de ceux-là. Leur association qui regroupe une partie des propriétaires de villas se veut être une force de proposition constructive pour la commune. Elle entretient des relations « cordiales » avec la municipalité même si sa dernière intervention concernant le dossier du démantèlement des blockhaus de la dune d'aval n'a pas été du goût du maire, Bernard Bracq.

Toujours est-il que l'association craint une dérive dans le coût de reconstruction du perré. « L'État a négocié avec Wissant une somme de 2,8 millions d'Euros pour solde de tout compte » déclare Alain Toulemonde. Selon lui, cette somme a déjà été engloutie dans les travaux de consolidation lorsque la municipalité a dû, à la hâte, procéder à des enrochements de fortune pour colmater les brèches dans le perré. « Aujourd'hui, les experts chiffrent la facture totale entre 8 et 10 millions d'euros. Wissant ne compte que 1000 habitants. À votre avis, qui va payer la note ? » L'association qui s'appuie sur un cabinet d'avocats lillois estime que la commune ne doit pas en rester là et doit poursuivre en justice les entreprises qui ont conçu l'ouvrage pour malfaçons. « Il y a une fenêtre de tir possible aujourd'hui car la garantie décennale court toujours.

» D'où leur requête auprès du maire. Sans réponse pour le moment.

Car si Bernard Bracq partage leur inquiétude, celui-ci diverge en revanche sur la méthode. « Wissant est peuplé d'ingénieurs et de retraités qui se sentent investis d'une mission. Ils m'ont déjà interrogé sur cette action en justice et je leur ai déjà répondu via notre avocat. » Le maire écarte donc cette possibilité d'action. L'association se dit prête à agir seule et à saisir le tribunal administratif avant le mois de juillet. « S'ils ont envie de se lancer dans une procédure longue et laborieuse et de paralyser la commune, ils prennent leurs responsabilités. Je fais simplement remarquer que leur dernière intervention avec le soutien du maire de Tardinghen à l'époque nous a coûté un an. Nous avons aujourd'hui l'assurance d'une aide financière de la Région. Nous sommes aussi assistés par un cabinet d'assistance à maître d'ouvrage. Qu'on nous laisse travailler ! » Le rapport technique sur la destruction du perré montre selon l'association des malfaçons dans la pose des drains, du ferraillage de l'ouvrage et de la qualité du béton. Des éléments qui vont sans doute inciter l'association à aller en justice. « Il y a une dernière opportunité à saisir avant juillet, après il sera trop tard... » •

BERTRAND SPIERS