"Réensabler" la Baie de Wissant grâce aux futurs travaux de Calais 2015
mercredi 26.10.2011, 14:00 La dune d'aval est grignotée d'année en année, d'où l'urgence de travaux.
Cette sérieuse proposition émane d'Yvonne Battiau-Queney, présidente de l'EUCC France* qui l'a présentée devant les membres de l'association Les amis de Wissant.
A Wissant et dans toute la baie des 2 caps, depuis une quarantaine d'années le processus d'érosion s'emballe, le niveau de la plage a baissé de plus de 4 mètres, les vagues déferlent à marée haute sur la digue et ce recul crée un risque de submersion marine à court terme pour les terrains situés derrière la dune d'Aval, dans le bas Wissant. Selon, Yvonne Battiau, ce processus ne s'inversera pas, le sable sédiment est hérité d'un processus qui se compte en siècles et est non renouvelable.
Alors quelle solution envisager pour protéger la baie ?
Pour cette scientifique, entre la construction d'une nouvelle digue forteresse et le laisser-faire, une défense douce est envisageable utilisant les processus naturels.
Il s'agirait de recharger massivement en sable toute la baie pour reconstituer les conditions qui prévalaient il y a 50 ans.
Le sable fin permettrait de recréer une avant-dune naturelle qui jouera un rôle d'amortisseur face aux effets des vents et de la houle. Et le sable pourrait provenir du creusement des futurs bassins du projet Calais 2015. En effet, la granulométrie du sable de Calais est compatible avec celui de Wissant. Cet ensablement massif devra être accompagné d'ouvrages piégeants pour éviter le réensablement du bas du village et un contrôle des fuites de sable.
Si l'érosion semble liée à la destruction de l'avant-dune, à la construction de la digue et aux prélèvements effectués à une époque où Wissant s'ensablait, elle est sans doute également liée au chenal qui s'est creusé entre le cap Gris-Nez et le banc à ligne situé au large de Tardinghen. Ce chenal pourrait faciliter la fuite du sable vers Sangatte. Aussi, l'association initie avec le maire de Tardinghen une action d'évaluation. Il s'agit de faire des relevés assez précis pour évaluer les courants. « Aujourd'hui, nous dit Thibaut Segard, le maire de Tardinghen, nous recherchons et devisons la meilleure technique possible pour cartographier le banc à la ligne. Cette carte nous permettra d'évaluer plus clairement si le problème de l'érosion est en partie lié à cela. Et, dans ce cas, remplir ce chenal. » Le conseil régional serait prêt à inscrire cette option dans le projet Calais 2015, reste aujourd'hui à l'association à convaincre les élus des communes de la Baie, en particulier celui de Wissant de porter cette demande.
* L'EUCC - The Coastal Union est une association internationale de scientifiques qui a pour mission d'aider les élus à avoir une meilleure connaissance du littoral tant du point de vue de sa protection que de son nécessaire aménagement.
La Semaine dans le Boulonnais