Boris Johnson, qui manie la provocation comme d’autres l’ambiguïté, a proposé, il y a quelques années, à ces concitoyens de tout bonnement reprendre Calais… Cela permettrait, certes, à nos voisins de disposer d’un cheval de Troie dans l’Europe communautaire, maintenant qu’ils ont décidé d’en sortir.
Calais est, en effet, très certainement la plus britannique des villes françaises de par sa proximité et surtout de par son histoire. Rappelons-nous que cette ville était sous domination britannique pendant 210 ans, ce qui a laissé des traditions très largement ancrées, encore aujourd’hui.
Par contre, cette ville, comme tant d’autres en France, est, à la périphérie de territoire, victime d’un tropisme bien français : l’excès de centralisation, en particulier dans le domaine de l’éducation.
Or, la réalité linguistique calaisienne est incontestablement très différente de celle de Montluçon ou d’Évreux.
Ne pourrions-nous pas nous prévaloir du principe de subsidiarité : la responsabilité de l’éducation, revenant à l’entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. Donc, dans ce cas d’espèce, ici, à la ville de Calais…
En économie, on a inventé les ‘’zones franches’’ : pourquoi ne serait-il pas possible de créer une ‘’zone d’exception linguistique’’ permettant à la ville de conduire une politique éducative adaptée à la réalité locale, en association avec les responsables locaux de l’Education Nationale ?
L’idée serait de mettre en place un vaste projet de coopération avec nos voisins du Kent permettant aux enfants de l’école primaire, secondaire, universitaire, mais aussi technique des deux côtés de la Manche de disposer d’un enseignement bilingue couvrant toutes les activités appropriées. Excepté, sans doute, du français, l’ensemble des matières techniques et scientifiques pourrait sans conteste être enseigné dans l’une ou l’autre des deux langues.
Le schéma serait de proposer aux enseignants qui le souhaitent de pratiquer leur activité professionnelle de l’autre côté de la Manche, moyennant un coup de pouce financier et une gratuité des transports.
On peut difficilement imaginer que les responsables de notre éducation nationale puissent porter ombrage à une telle idée, sauf à déprécier la compétence de leurs homologues britanniques… ce que je n’oserais imaginer, tant cela dénoterait de suffisance.
Pour les enseignants qui y agréeraient, cela serait une expérience enrichissante, mais surtout une chance pour l’ensemble des jeunes calaisiens. Dans une société de plus en plus mondialisée, le bilinguisme franco-anglais est une exceptionnelle porte ouverte professionnelle, mais c’est aussi une ouverture culturelle irremplaçable.
Dans 10 ans, Calais pourra s’enorgueillir d’une jeunesse bilingue, source d’attractivité pour les familles, mais également pour les entreprises françaises, européennes, voire mondiales…
D’ici quelques mois, la constitution nous permettra de choisir notre Président.
Pourquoi ne pas choisir le bilinguisme pour nos enfants ?
Thaddée Segard
Novembre 2016
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