La guerre est une chose trop importante pour la laisser aux mains des militaires, disait Clemenceau. Les Britanniques peuvent paraphraser cette citation en ajoutant que : la politique, c’est également une chose trop importante pour la laisser aux mains des politiciens !
Rappelons-nous, en effet, des promesses des tenants du Brexit , Mickael Farage et Boris Johnson, qui prétendaient que la sortie du l’Union européenne permettrait de financer le NHS (sécurité sociale britannique) sur la base de 350 millions de livres sterling par semaine. Oui, mais, 18 mois plus tard, Theresa May vient de convenir, à mi-mot, d’un montant de sortie de l’Union européenne pour le Royaume-Uni équivalant à 50 milliards de livres sterling.
Cette perspective de sortie du brouillard a dans un premier temps boosté la Livre sterling, mais pourtant le sujet est loin d’être clos. Reste, en effet, à régler une incroyable série de difficultés. Le sujet de la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande est bien compliqué compte tenu de l’entremêlement des routes d’accès tout au long de cette démarcation toute biscornue.
Toutefois, ne nous trompons pas, la plus grosse difficulté viendra sûrement du rétablissement de la frontière physique entre le continent et le Royaume-Uni autour de l’axe fondamental des échanges qu’est le lien Douvres Calais. En effet, 43 % des biens et services exportés par le RU vont vers la Communauté Européenne et 56 % proviennent de cette entité. De fait, la quasi-totalité de ce trafic s’effectue par les ferries et le tunnel sous la Manche. D’après les experts, c’est l’équivalent de 100 milliards de livres sterling qui transite, chaque année, par Douvres…
Or, dans tous les cas envisagés du Brexit, un contrôle physique des marchandises sera nécessaire. Du côté français, des dispositions pratiques sont envisageables à Calais, par contre,du côté britannique, il n’y a aucune possibilité de faire stationner des camions ne serait-ce que plus de 20 minutes supplémentaires par rapport à la situation d’aujourd’hui. Mais cette impossibilité n’est pas une question de bâtiment ou de personnel, mais tout simplement d’espace disponible. Cela fait quelque temps que les transporteurs s’en inquiètent, mais aucune procédure n’est avancée pour le moment.
On vient d’ailleurs d’apprendre que le gouvernement Britannique avait abandonné le financement de £ 250 millions pour un projet de parc de stationnement de camions prévu à Stanford, à côté de Hythe. C’est donc maintenant toute l’économie du Kent qui risque de pâtir d’asphyxie avec des embouteillages monstres d’une cinquantaine de kilomètres sur des accès à Douvres.
La date de sortie de l’UE est officiellement prévue le 29 mars 2019. À moins d’un spectaculaire renversement de situation, qui est, de mon point de vue, encore tout à fait plausible, nos voisins du Kent ont clairement du souci à se faire !
Thaddée Segard