Etrange Brexit!
D’après une étude du Thinktank Demos, les régions du Royaume-Uni qui ont voté en masse pour le Brexit seront probablement les plus pénalisées par sa mise en place.
Le cas le plus caractéristique se trouve probablement être le Pays de Galles. Cette région a largement voté en faveur du Brexit alors qu’elle est une des régions du Royaume-Uni qui reçoit le plus de transferts financiers de l’U.E.
Par ailleurs, le pays de Galles vend 67 % de ses productions à l’Union Européenne. Or les prix de vente des produits devront maintenant s’aligner suivant les règles de l’OMC (Organisation Mondial du Commerce) avec probablement des taxes d’importation de l’Union Européenne sur de nombreux produits.
Il faut se souvenir que les produits agricoles bénéficient de niveaux de prix incomparablement supérieurs à ce qu’ils seront dès que le Royaume-Uni aura quittée l’Union Européenne. Dans le cas de l’élevage ovin, crucial pour le Pays de Galles, les éleveurs seront probablement confrontés à une double peine : d’une part une taxation de leurs produits destinés à l’Union Européenne, mais également une vive concurrence des éleveurs d’agneau néo-zélandais, infiniment plus compétitifs.
La même chose risque d’advenir dans l’industrie automobile. Les observateurs font remarquer que de nombreuses pièces mécaniques transitent plusieurs fois entre le Royaume-Uni et les usines européennes. L’arbre à cames d’une mini, par exemple, est d’abord fabriqué dans une usine en Normandie, ensuite envoyé chez BMW en Allemagne pour être ajusté, puis retourné en Angleterre à fin d’être monté sur les voitures. Le tout en ‘’juste à temps’’, donc avec une déperdition minimum de temps dans les transports et les formalités.
Les choses risquent de changer avec la mise en place de nouvelles procédures douanières. Le temps de passage en douane sera plus contraignant et générera des coûts supplémentaires. Il est peu probable que les chefs d’entreprise des différentes usines automobiles ne s’évertuent pas, dès lors, à chercher des procédures mieux adaptées pour leur production. Par ailleurs, il est vraisemblable que la pression politique et médiatique imposera aux industriels européens de maximaliser la production dans leur pays d’origine. La quasi-totalité de l’industrie automobile britannique étant dans les mains d’actionnaires ou entreprises non britanniques, on peut s’attendre à ce que les choix futurs soient pris au détriment de la production britannique. Dans le cas du pays de Galles, une des usines de Vauxhall, rachetée par PSA, est installée à Ellesmere en limite du pays. Cette usine de montage emploie 450 Gallois sur les 2 000 personnes employées.
Ici encore, le Pays de Galles sera largement perdant et, à ce titre, on peut s’interroger sur le choix du Brexit des Gallois. Les électeurs sont-ils masochistes, mal informés ou bien réagissent-ils en frappant sur le mauvais clou.
On peut aussi s’interroger sur la pertinence de l’inouï binarité du referendum au regard des conséquences qui en découlent.
Thaddée Segard