L’économie transfrontalière.
En France, il existe des espaces de vitalité dont nous ne parlons, sans doute, pas suffisamment : ce sont les régions frontalières qui bénéficient du dynamisme économique de leurs voisins.
On peut y porter un double regard : la vision positive mettra en évidence le volontarisme et le savoir-faire de la main-d’œuvre française, prête à tirer parti de toutes les opportunités, même à l’extérieur de son territoire.
Les esprits chagrins, par contre, s’inquiéteront d’un phénomène peu glorieux pour notre société en constatant que tant de nos forces vives soient obligées d’aller chercher des emplois à l’extérieur du pays.
À y regarder de plus près, les chiffres ne sont pas anodins : 173 000 Français travaillent en Suisse, 69 000 au Luxembourg, 50 000 en Allemagne, 39 000 en Belgique et 300 000 Français sont actuellement résidents au Royaume-Uni.
Or, au Royaume-Uni, l’économie est très concentrée : 37 % de la richesse est aujourd’hui réalisée sur une infime partie du pays, à savoir Londres et le sud-est de l’Angleterre, limitrophe des Hauts de France.
À l’instar de la vitalité du canton de Genève vis-à-vis de la Savoie, la mégalopole Londonienne devrait donc être un fantastique aspirateur d’emploi pour les habitants du littoral des Hauts de France, tant cet espace côtier souffre d’un chômage, devenu au fil du temps quasiment endémique.
Calais n’est, en réalité, qu’à une heure du Centre de Londres, soit beaucoup plus proche que bonne partie de la banlieue de la capitale britannique. Pourtant, presque aucun des Français travaillant à Londres ou dans le sud-est de l’Angleterre ne sont des navetteurs.
Avec un chômage qui, par endroits, frise les 20 %, les demandeurs d’emploi du littoral pourraient bénéficier des opportunités outre-Manche où le chômage navigue sous la barre des 5%, mais également, en contrepartie, les Britanniques pourraient bénéficier d’accès à des logements disponibles à des niveaux de prix incroyablement moins élevés de ce côté-ci du détroit.
Cette autre perspective du commuting pourrait également contribuer à développer une économie résidentielle, source elle-même d’emploi et de création de richesse. L’INSEE n’indique-t-elle pas de cinq entrants sur un territoire génère un emploi.
D’où vient donc cette absence de commuting transfrontalier ?
Tout simplement parce qu’il n’existe pas de moyens de transport adapté comme dans la région parisienne et autour de la plupart des grandes villes pour permettre de choisir d’habiter sur le littoral des Hauts de France et de travailler dans le sud-est de l’Angleterre !
Or, la ligne TGV et le tunnel sous la Manche permettent assurément de mettre en place un système de navettes. Ces navettes existent bien avec l’Eurostar, mais force est de constater qu’elles ne desservent que les Londoniens et Parisiens !
Et après, on s’étonne de la frustration des habitants du littoral, constatée élection après élection !
Thaddée Segard